Chapitre 2 .

Chapitre 2 .

                                                       Trois mois ont passé.
Pas revu Bertrand depuis notre rupture.
Nous correspondons par mail pour se tenir au courant de l'avancé de notre divorce. (Intelligemment, comme il dit)
Il s'est trouvé un studio proche de son lieu de travail, dit-il, (à moins qu'il n'est aménagé chez sa ''dulcinée'' ) mais je n'irai pas vérifier ses dires...
Par contre, je me suis renseignée sur ''Dulcinée'' (j'ai décidé de l'appeler ainsi)
j'ai gardé de bons amis, proches de Bertrand, amateurs d'histoires croustillantes, qui se sont empressés de m'offrir leurs services de ''détectives privés''…...............
Il s'avère que ''mon mari si sérieux'', s'est entiché d'une adorable ''plaignante'', venue dans son tribunal pour une histoire de violence conjugale...un dossier compliqué dans lequel le greffier a beaucoup de responsabilité et doit mettre au service de l'affaire, toute sa clairvoyance et sa qualité d'écoute.....
(ah, je crois rêver, mais passons !!!)
Donc, Dulcinée serait une jeune femme d'au moins 10 ans plus jeune que lui et mère de deux enfants. Leur idylle dure à peu près depuis deux ans... Chapeau Bertrand !
Quasiment une double vie et je n'ai rien vu; vraiment trop naïve, confiante, conciliante ….pour ne pas dire CONNE!!!
Pour ma part, j'ai bien évidemment gardé notre maison, puisque c'est la vente de celle de mes parents qui avait payer notre ''petit nid d'amour''
J'ai gardé aussi mon travail à la poste, où tout se sait très vite, et il m'est assez pénible de supporter la curiosité, un peu malsaine, des villageois.
Bref ?! Pas grand chose n'a changé....je peux toujours enfilé mon pyjama pour passer mes soirées, seule et silencieuse, mais pas guère plus qu'avant notre vie de couple .

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C'est lors d'une soirée de la fin avril, aussi froide que morne, alors que j'entretenais une conversation avec mon feu dans la cheminée....(sic) que j'entendis un bruit derrière la porte d'entrée.
Par vraiment peureuse dans cette situation, je collais mon oreille à la porte et je compris qu'il devait s'agir d'un animal--- un chevreuil peut-être, ou un sanglier--- ils s'aventurent souvent dans notre airial, pas clôturé. (( airial = grand parc entretenu devant les maisons Landaises, clairière plantée de chênes et de pins, limitrophe avec la forêt).
Les sons bizarres se turent et le silence repris sa place...je retournai à mon tisonnier avec lequel je titille les braises qui font des petits feux d'artifices, et j'écoute sereinement un vieux disque de jazz.
 Enfin, les paupières lourdes, je ne tardai pas à partir me coucher.

Sauf que ce phénomène des bruits bizarres venant de la terrasse,  se renouvela chaque soir de la semaine. Plus vraiment question de penser à un animal ; même si je ne suis pas froussarde de nature, je dois reconnaître n'en mener pas large... les plus proches voisins sont hors de portée de voix.
Je pourrais m'égosiller à crier «au secours» , personne n'entendrait!
On arrive chez nous par la petite route, très peu fréquentée, qui passe à l'arrière de la maison. Un grand portail de bois donne directement accès au garage; 
Mais ce samedi soir, contrairement à mes habitudes, je ne prends pas la porte intérieure, passage direct du garage à la cuisine, très pratique les jours de pluie ou pour décharger les paniers de courses... (encore que ceux-là sont très maigres, maintenant)
Descendue de ma voiture, je ferme consciencieusement le garage et je contourne la maison pour m'installer quelques instants sur la terrasse, face à cet espace magnifique qui va jusqu'à l'orée du bois.

C'est reposant; les jeunes feuilles des grands chênes dansent dans la brise légère, des odeurs de pinède m'entourent....
Pas le moindre animal
n’apparaît !
je suis merveilleusement bien, emmitouflée dans mon manteau de laine et je pourrais rester là des heures...
Soudain mon portable sonne dans mon sac; c'est une collègue des PTT ; elle est factrice et nous avons sympathisé depuis très longtemps.
Mise au courant de mes déboires conjugaux, elle s'est révélée être une très bonne copine.
-< Bonsoir Alice, c'est Clotilde; puis-je passer te voir?
-< Heu...oui; quand ?
-< Maintenant !
Sa voix étant si déterminée, je ne pus que réponde favorablement;
elle devait avoir un problème... je savais qu'elle aussi vivait seule dans le bourg; elle était connue de tous, du fait de ses tournées, ne se contentant pas de glisser le courrier dans les boites aux lettres. Elle avait toujours quelques mots gentils pour les très nombreux anciens, un peu isolés, souvent esseulés, et leur rendait à l'occasion, maints petits services, comme de passer à la pharmacie ou de porter un pain.

Fille très avenante d'une petite quarantaine d'années, célibataire convaincue, plutôt jolie, son sourire toujours prompt à jaillir faisait d'elle, une compagnie très agréable.

La clochette du portail ne tarda pas à se faire entendre.

--< Entre, criai-je depuis la terrasse, mais elle était déjà là... Rentrons si tu veux bien, maintenant il fait froid et presque nuit.
--<Ah! Oui Alice, je préfère....je n'ai pas chaud, et le coin a peut-être des oreilles qui traînent.
Je la regardai, stupéfaite!
--< De quoi parles-tu , Clotilde?Tu m'inquiètes...
--< Ben, tu devrais peut-être t’inquiéter, en effet...ce que j'ai vu ne me plaît pas du tout. 
Tu sais qu'il m'arrive de passer en vélo, le soir, devant chez toi, (souvent, dit-elle avec un petit rire entendu) enfin, tu sais ….pour retrouver discrètement mon ''homme des bois'' du hameau de l'Estey …Tu vois?
--< Oui bien-sur, je l'ai croisé quelquefois...c'est un homme charmant, il a quelque chose d'attirant...
--< Oui, mais je ne te dirai pas quoi, coupa Clotilde, et toutes deux partirent dans un grand éclat de rire, comme de vraies adolescentes.
--< Mais je ne suis pas là pour te raconter mes frasques sexuelles...
Écoute, c'était mardi, lorsque je suis arrivée au coin du virage après ta maison, là où commence le sentier qui longe la craste,(fossé en forêt), il y avait une voiture garée, mais personne dedans... je n'y ai pas fait vraiment cas ! mais jeudi, la même voiture grise, immatriculée 33, était encore garée là...j'aurai pu penser à une voiture volée et abandonnée là, mais le lendemain, quand je suis passée, vers 11 heures, pour ma distribution du courrier, plus de voiture...! mais le pire, c'est qu'hier soir, même topo ! il n'y a pas de maisons dans ce coin : DONC ??? Alors, je me suis arrêtée, et doucement, j'ai avancé dans le sentier...
--< Et alors... et alors … dis-je en singeant une chanson... Zorro est arrivé ?!
--< Oh! Arrête de déconner! C'est plutôt grave ; une silhouette avec un long manteau et un chapeau, était tapie derrière un de tes gros chênes et regardait vers chez toi.
Devant son air inquiet, je ne riais plus... Et si les bruits du soir avaient quelque chose en commun avec ce que Clotilde avait vu ?
On passa le reste de la soirée, à boire quelques verres en mangeant des biscuits, et à se faire peur avec des histoires de ''crimes et châtiments''....!
Pas un seul bruit ne vint troubler le silence, ce soir.
Je promis d'être très prudente et Clotilde partit pour sa nuit torride dans les bras de son ''homme des bois''...........
                                          ******************** à suivre
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